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symbelmynwe

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MessageSujet: Fangelice?   Fangelice? Icon_minitimeVen 2 Sep - 14:56

Je me rappelle Fangelice.

Une plongée au ralenti dans les ténèbres, les sons et les odeurs de l'humanité vidée de toute valeur et identité. La puanteur de la sueur et de la terre,l'interminable machine humaine ondulante, les rangées enchainées d'épaules arquées et de dos voûtés, le martèlement des houes et des pioches sur la terre impitoyable, sur les pierres et les cailloux; les nuits sans sommeil, les toux rauques des poitrines tuberculeuses pleines de mucosités, le gonflement et la douleur des articulations disloquées et des muscles déchirés; le grincement des lits de camp et des hamacs, le tumulte de la pluie sur le toit et les minces cloisons de bois; les cris des rats, le grattement des insectes, le chant hypnotique des cigales. Piégé dans le ventre de la bête, et la bête était noire, vorace jamais rassasiée.

Je me rappelle Fangélice.

Les chuchotements et les gémissements des hommes plongés dans les cauchemars où une culpabilité profondément enfouie n'était jamais apaisée; les zébrures et les trainées laissées par les fouets à lanières sur la chair exposée, sur la peau brulée par le soleil, sur les esprits brisés. Le fracas et la précipitation du matin, le tonnerre implacable de l'été, les sols détrempés, la puanteur de la pourriture, le relent fétide des broussailles gorgées d'eau stagnante; les vêtements infects, l'absence de nourriture, l'obscurité, la douleur, la nostalgie, le désespoir.

Je me rappelle Fangélice.

La « boite » : érigée au milieu de la cour, trop basse pour qu'un homme puisse s'y assoir droit et pas assez large pour qu'il puisse s'étendre sur le flanc, les genoux contre la poitrine. Vingt-quatre heures. Complétement recroquevillé, le front contre les rotules, la colonne vertébrale douloureusement arquée, le toit contre l'arrière de la tête. Des jalousie à l'avant orientées vers le ciel pour laisser pénétrer les impitoyables rayons de soleil. Pas d'eau. Pas un mot. Pas de délivrance.

Vingt-quatre heures et un homme pleura jusqu'à ce que ses yeux bordés de sel le brûlent comme de l'acide. Trente-six heures et il haleta et vomit et hurla comme s'il était devenu fou. Ils le tirèrent de là et il resta étendu trois ou quatre heures avant de pouvoir redresser son corps. Tentatives de fuite. Outrages. Un gardien qui prenait quelqu'un en grippe et qui disait: « Dans la boite », et cette personne disparaissait, puis revenait un autre homme.

Je me rappelle Fangélice.

La balance de la justice, qu'ils appelaient ça. Un homme avec des lattes de bois attachées aux jambes pour qu'il ne puisse pas les plier. Enterré jusqu'aux cuisses, la terre bien tassée, implacable, aucune chance de bouger. Les bras tendus à l'horizontale, dans chaque main une gamelle contenant un demi-litre d'eau. Il restait comme ça les bras tendus, deux, trois, quatre heures d'affilée. Qu'il renverse l'eau et on recommençait à zéro.

« Une heure de balance », disait quelqu'un et il fallait creuser son propre trou avant de se faire attacher les jambes. La légende affirmait qu'un homme y était resté sept heures en tout. Il n'avait pas prononcé un mot de neufs semaines et quand il l'avait fait il avait juste dit « gamelle, gamelle, gamelle » encore et encore jusqu'à ce que ça devienne son surnom : Gamelle du comté de Sombrios. Gamelle de l'enfer.

Je me rappelle Fangélice.

Le premier mois comme emmitouflé dans une couverture, dans un cocon. Le deuxième mois comme une camisole de force, bien serré, les bras autour de ma taille, attachée à l'arrière. Le troisième et le quatrième comme un linceul si lourd que je pouvais à peine respirer. Après ça, les mois s'étaient fondus de façon homogène, étouffants, intenses, impitoyables.

« Impossible de briser un homme, me disait Sebastun. Il y a quelque chose à l'intérieur qu'on ne peut jamais casser. Tu peux casser chaque os de son corps et tu trouveras toujours quelque chose là-dedans pour résister. »

Je crus Sebastun jusqu'à ce qu'il tente de s'échapper avec son frère.

Fin novembre 856. Ciel dégagé, lune haute. Une douce brise du sud qui rampait entre les lits de camp et semblait d'une certaine manière rafraichissante. Le souvenir d'une autre époque d'un autre endroit.

Le son des cigales des cigales dans le champ de l'autre coté du mur. Sebastun et son frère. Le visage noir comme la poussière, s'enfuyant par un trou dans le sol et rampant par terre. Ils parcoururent quinze mètres le long du mur d'enceinte avant de se faire repérer.

Ça a bardé. Chiens. Gardiens. Détenus. Torches. Un tonnerre de grabuge et de folie.

Une autre « boîte » fut construite. A cotés de la première. Une semaine dedans pour chacun.

Ce qu'ils avaient en eux, cette chose que Sebastun avait en lui, fut cassé en deux et réduit en poussière.

Son frère se tailla les veines en janvier 857.

Sébastun mourut de solitude au printemps.

Je me rappelle Fangélice...surtout la pensée qui me suivait à chaque moment de la journée : je savais qui avait tué Finduielias, et je savais pourquoi. Je n'avais pas de nom, pas de visage, aucune idée de son identité, mais il était là-dans mes rêves et à mon réveil, me hantant de son âme sombre pour me rappeler ma trahison.



HRP: texte qui n'est pas de moi mais qui convient peut être à l'endroit. Librement plagié par mes soins pour coller au rp alidhanais. Si certains sont intéressés il vient d'une œuvre assez connus et vraiment passionnante.
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